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Son prénom est Marie-Madeleine. Elle est née le 24 jan- vier 1914 à Lille quelques mois avant la déclaration, le 1er août 1914, de la première guerre mondiale et je découvre aujourd’hui que je l’ai suivie dans les étonnantes coïncidences de l’histoire, car je suis né à la déclaration de la seconde guerre mondiale. Nous avons donc tous deux étés marqués par les guerres et les privations dès la naissance.

Maman n’est pas démonstrative comme on l’est à l’époque et je ne me souviens pas avoir été câliné par elle. La façon d’élever les enfants ne prédispose pas alors aux épanchements entre parents et enfants. L’éducation repose sur la fermeté et l’obéissance et non par sur les démonstrations de tendresse. Maman s’exprime toujours avec une certaine réserve et en public toujours avec la distinction apprise à la maison et dans les institutions religieuses pour jeunes filles qu’elle a fréquen- tées jusqu’à ses 18 ans.

A ce sujet rien de plus vulgaire que de voir des officiels s’embrasser et « se faire la bise » comme on le constate main- tenant aux réunions internationales où le président français embrasse comme du bon pain la chancelière allemande ! Sans aller jusqu’en 1979 au baiser sur la bouche d’Erich Honecker, le secrétaire général du Parti communiste est-allemand, et de Léonid Brejnev, chef du Kremlin. Quelle honteuse démons- tration fausse et inutile.

Dans le chapitre de la bonne éducation, je n’ai que rarement entendu Maman hausser la voix et encore moins crier. Elle a beaucoup de charme. Elle n’est pas très grande mais bien proportionnée. Son visage est éclairé par un beau sourire et de grands yeux bleus et sa chevelure blonde lui donne de faux airs de vedette américaine. Pourtant elle peut être sévère et elle a une sorte de décalage intérieur qui la rend imprévisible. Depuis l’enfance elle est surtout rêveuse. Autant Jeanne sa sœur ainée de deux ans est toujours en effervescence et inventive, autant