Retrouvez tous les petits coeurs sur la version imprimée du livre
A Juan-Les-Pins, les vedettes venant de Paris pour la saison, sont Coccinelle la blonde et Bambi la brune, deux chanteuses transsexuelles qui défraient la chronique.
Juan-Les-Pins est pour sa part le lieu du festival de jazz. C’est aussi le Deauville de la côte d’Azur.
Toute aventure me tente et je lui réponds « Avec plaisir ! », sans savoir d’avance ce qui m’attend ! Sa moto n’a rien à voir avec celle que j’admirais.
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Ce matin-là, revenant d’être allé embrasser ma marraine, je suis dans l’entrée en marbre de l’immeuble et admire une énorme moto BMW que le concierge bichonne à grands renforts de chiffons.
Je pensais avoir bien révisé et dix jours de break étaient autant mérités que bienvenus.
Mon grand-père avait acheté à Antibes un appartement de trois pièces au 3ème étage du Plazza, le premier immeuble qui a dépassé les cinq étages dans cette jolie ville.
De surcroît je ne devais pas être trop mauvais en latin puisque le lycée m’avait inscrit d’office aux épreuves de thème latin au Concours Général.
L’histoire durera plus d’un an et nous n’irons jamais plus loin que de chastes baisers sur la joue. Brassens, dans une de ses chansons parle de biche séduite par un sanglier.
J’en parle à Jean Claude après l’épreuve qui dure cinq heures. Il la trouve pas mal, sans plus, et de toute façon il est encore attaché à sa « vieille ».
J’arrive enfin tout brinquebalant au deuxième étage... Je sonne. Maman ouvre... le spectacle doit être hallucinant !
C’est à ce moment que la séquence devient absolument surréaliste. Dans notre cave, je suis dans l’obscurité infinie.
J’arrive tant bien que mal à la maison. Nous habitons au deuxième étage. Je sonne à la porte. Papa dort et c’est Maman qui ouvre.
C’est un triomphe ! Il est minuit. Nous avons tous chanté et bu ensemble et la fête se termine dans les rires et la joie. Nous avons réussi et tout le monde est content.
Comment cette idée fut-elle réalisée je ne sais plus, mais nous avons franchi tous les obstacles.
Probablement alerté par un bruit bizarre le pandore lève la tête et me voit grimper le long de la gouttière.
A 17 ans, sans permis, il prend déjà la Ford Vedette de son père en catimini. Son astuce consiste à établir le contact du démarreur en faisant se toucher les fils qu’il a auparavant dénudés, sous le tableau de bord.
C’est probablement vers 1954 que mes parents décident de quitter la rue Édouard Delesalle à Lille pour venir s’installer à Lambersart.
D’ailleurs l’abbé Hachin présentait un format très éloigné de celui d’un anachorète vivant d’air pur et de sauterelles du désert.
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Bien que pudique, il m’avait mis dans la confidence. Alors que je n’avais aucune petite amie, j’étais surpris par cette liaison insolite et un peu envieux de son sort particulier et confortable.
De la troisième à la terminale j’ai peu de souvenirs. Je pense avoir été un bon élève glanant parfois au fil des trimestres les félicitations du conseil de discipline ou les encouragements, car j’aimais les études.
Le pastel dépasse la technique du dessin si prisé au 16ème siècle car il introduit toutes les nuances de la couleur et de la vérité. Quentin de la Tour s’installe à Paris en 1723 pour entrer dans l’atelier du peintre Jean-Jacques Spoëde, peintre belge et ami de Watteau.
Je suis intéressé par l’aventure, nous passons voir ma grand-mère pour lui demander la permission qui est accordée.
Un bel après-midi d’été, je lis dans le jardin du bord de l’Oise quand une grande femme mince se dresse devant moi et me demande si je connais Quentin de La Tour.
Alexandre Victor s’était longtemps opposé au mariage ancillaire de son fils Paul mais il avait cédé avant de mourir.
Aujourd’hui, datée de 1906, une photo de l’entreprise Husson creusant une énorme saignée dans une colline. Mon grand- père râblé et sûr de lui surveille de loin les travaux.
Tante Suzanne avait ses raisons car elle n’avait jamais été acceptée par sa belle-mère. A la traditionnelle guerre de tranchées entre belle-mère et bru s’ajoutait la lutte des classes : « Paul avait épousé la bonne ! »
Le docteur Denoeux était le vieux médecin qui habitait avec son épouse une grande maison de pierre à étages, voisine de l’ancien hôtel particulier de notre grand-mère.
Enfin, on ne pouvait traverser la ville pour aller au cimetière sans rencontrer une personne et nous trouver, qu’on le veuille ou non, face à un souvenir familial révolu.
Là étaient la plupart des zélés patriotes. Nous nous embrassions, nous baisions les mains des gardes-françaises en pleurant de joie et d’ivresse.
on jeta dans les rues des chaises, des tables, des tonneaux, des morceaux de grès, des voitures pour les barricader et casser les jambes des chevaux.
J’étais accouru au premier coup de canon, mais la Bastille était déjà prise, en deux heures et demie, chose qui tient du prodige.
Alors je descendis ; on m’embrassait, on m’étouffait de caresses. Mon ami, me disait chacun, nous allons vous faire une garde, nous ne vous abandonnerons pas, nous irons où vous voudrez.
Le tribunal révolutionnaire le condamne à mort. Il est guillotiné le 5 avril 1794 à Paris en même temps que tous les Indulgents.
Mieux que les autres témoins, scénariste avant tout, il décrit avec précision les concours de circonstances incroyables qui permettent à la révolution de vaincre en quelques heures des siècles de puissance monarchique.
Le 24 décembre 1588 Henri III de France rejoint Henri II d’Angleterre quand ce dernier fait assassiner son ami l’archevêque de Cantorbéry en 1170 dans sa cathédrale.
Enfin, les derniers, Anne de Joyeuse et Jean-Louis Nogaret de La Valette sont les deux préférés du Roi, ils deviennent ducs de Joyeuse et d’Épernon en 1581.
…la coutume, lorsqu’on invite une personnalité, est de mettre à sa disposition le soir dans son lit, une sœur et un frère. Henri III a goûté alors aux deux et préféré le frère.
Le 23 décembre 1588, c’est un véritable coup de force, un guet-apens, que le roi a concocté avec préméditation et cruauté
Henri de Guise (1549-1588), dit “le Balafré”, est le plus célèbre duc porteur du nom de Guise (qui se prononce guise : le gué de l’Oise).
Mais en vacances, j’entrais aussi dans le monde fabuleux des destins étonnants de l’Histoire de France.
William Earl Johns et tous les Peter Cheyney, ce dernier sans bien tout comprendre d’ailleurs, avant de m’absorber plus tard, dans Alexandre Dumas et Honoré de Balzac.
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Tout d’abord s’étalait une zone fleurie où ma grand-mère cultivait avec soin toutes sortes de fleurs mais essentiellement des dahlias majestueux aux couleurs vives formant un tapis chatoyant comme un Boukhara, visible depuis la rue qui le surplombait.
Mon frère, avant son départ pour l’armée, m’accompagnait ou allait pêcher ailleurs mais il faut avouer que ce jardin était un lieu de bonheur et de quiétude que tout le monde à Guise nous enviait.
La tombe des Loncle, le nom de jeune fille de ma grand-mère, trônait au centre. Elle était en granit et les noms étaient effacés.
Elle était veuve et son mari avait été le garde champêtre du village. En dehors de Suzanne ma tante, ils avaient eu un fils.
Nous montions la côte qui arrivait sur un premier plateau venté au milieu des champs de blé ou de betteraves infinis.
Jean-Baptiste Godin (1817-1888), ancien ouvrier, avait inventé le fameux poêle en fonte vers 1840, et avait réussi brillamment.
Ma grand-mère Husson se rendait à pied tous les mois, de préférence le mercredi, sur la tombe de ses parents à Tupigny, distant de huit kilomètres.
Le 22 décembre : une opération de police est menée contre les nationalistes en Algérie et en France. Elle aboutit à l’arrestation de 150 membres du FLN.
Un peu après minuit, des bombes explosent à Alger. Dans l’Aurès, l’instituteur français Monnerot et un caïd local sont abattus par des inconnus.
La rentrée des classes s’est faite comme d’habitude deux jours après mon anniversaire le lundi 4 octobre dans la tranquillité.
Fred Mehay a surtout décrit, parmi les tortures, la manipulation intellectuelle, nouveauté dans la cruauté que les Allemands avaient omise.
Ainsi, leur alimentation quotidienne se limitait à une boule de riz pour les valides, une soupe de riz pour les agonisants.
Tous les prisonniers (y compris les blessés « légers », selon les critères établis par le Vietminh) vont marcher à travers jungle et montagnes sur une distance de 700 km, pour rejoindre les camps, situés aux confins de la frontière chinoise.
On entend des hommes se battre en chantant La Marseillaise. Lorsqu’on sollicite les blessés pour retourner au combat — faute de combattants valides —, il y en a qui se relèvent en titubant et vont se battre.
Or, nous avons démonté les canons pour les transporter pièce par pièce dans des caches creusées à flanc de montagne et à l’insu de l’ennemi.
Une relation enregistrée du général Giap, le vainqueur de Diên Biên Phu, donne l’explication de la victoire hélas logique des forces du Vietminh sur les troupes françaises.
On nous montre en Indochine, des soldats français avec du matériel, des véhicules blindés, des avions, des canons et tout nous est conté pour nous faire croire que l’ordre français règne avec le consentement de la population.
Cette bataille a sonné le glas de la présence française en Indochine. On le sentait et on le savait, en se rendant compte que l’histoire toussait encore.
Mais de tous les évènements de cette année 1954, le plus triste, le plus héroïque, le plus invraisemblable et le plus incompréhensible est l’épisode de Diên Biên Phu.
Les deux géants sont de vrais amoureux de la vie et ont su parfaitement l’encenser et en décrire toutes les beautés.
Simone de Beauvoir. Cette auteure germanopratine appelée « la grande Sartreuse » pour sa liaison historique et intellectuelle avec le philosophe Jean Paul Sartre
« Mes amis, au secours... Une femme vient de mourir gelée, cette nuit à trois heures, sur le trottoir du boulevard Sébastopol, serrant sur elle le papier par lequel, avant-hier, on l’avait expulsée... »
Autant 1953 est une année de transition, autant 1954 est une année de bouleversements dans l’histoire moderne de la France.
Le régime, extrêmement centralisateur et bureaucratique malgré la structure formellement fédérale, est incapable d’apporter une réponse aux problèmes économiques car les enjeux sont ailleurs.
La mort de Staline le 5 mars 1953 provoque une guerre de succession au sein des dirigeants et seul Khrouchtchev émergera en 1955.
Une grande découverte réjouit le monde médical. Le microbiologiste Jonas Salk met au point le vaccin contre la poliomyélite en utilisant un virus inactivé.
…(UNESCO) en vue de l’organisation de la protection de leurs biens culturels, ou à propos de tout autre problème dérivant de l’application de la Convention et de son Règlement d’exécution.
Le monde est encore en situation de conflit. C’est la guerre froide. Au-delà des discours politiques et des mouvements intellectuels, il ne s’agit plus de guerres mondiales mais de guerres régionales
Mais au centre de sa pierre tombale, Victor Alexandre Husson a souhaité que sa devise fétiche figure en lettres d’or et subsiste à travers le temps.
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Alexandre Victor Husson, que je n’ai pas connu, était athée, membre du Grand Orient et a probablement été ancien vénérable.
Nous traversons Guise et passons devant le monument dédié à Camille Desmoulins (1760-1794) l’avocat révolutionnaire qui a tant remué les foules avant de mourir guillotiné sous la terreur.
Tous mes amis de l’armée que je fréquente encore ont du ventre et me « haïssent » car je cultive mes abdominaux.
Elle ouvre la porte et sidérée me regarde à deux fois puis éclate de son rire sonore. « Mooon Diou mais c’est toi ? Eh bien dis donc tu as bi-enn profité des vacances ! On dirait une grosse boule ! »
Ah Alaiiin ! Comment vas-tu ? Quelles jolies fleurs ! Comme c’est gentil ! Elles sont magnifiques, tu remercieras beaucoup ta grand-mère...
Les yeux bleus sont l’apanage des quatre familles, les Husson et les Loncle d’une part, les Dumoutier et les Heren d’autre part.
Il grandissait et je m’élargissais. Ce fut en tous cas la cause d’une de mes grandes hontes. La première qu’une femme m’infligea.
Les canaris dormaient, le chat venait se poser sur le journal que protégeait une toile cirée à ramages, le feu crépitait... J’entrais dans un autre monde.
C’est là que la veillée funèbre de mon père avait été célébrée en 1946. Ma grand-mère n’aimait pas qu’on entrât dans cette pièce.
… où l’atmosphère à la maison est devenue intolérable, je l’ai appelé au secours et il a pris une permission exceptionnelle pour me calmer.
Il y a des pions qui surveillent en marchant le long des allées. Les épreuves durent plusieurs heures.
Cette trahison venant de celui que je respectais jusqu’alors m’a marqué à tout jamais et a fait de moi un rebelle pendant des années.
Ne croyant plus en mon père, ni en ce qu’il peut dire et croire car il a trahi ma confiance, désormais, je ne veux plus lui ressembler et je vais me construire contre lui et contre toutes ses convictions.
Est-ce pour cela qu’à partir de cette scène, j’envie mon frère qui est pensionnaire et n’a pas à vivre ce genre d’épreuve ?
Comment la dispute est-elle venue, je ne sais plus, mais je sais que mon père vient me sortir du lit en me reprochant de salir les draps avec ma tête mouillée
En tous cas pas celui de mathématiques ! Ce doit être en cinquième mais je me souviens surtout qu’il fait très chaud et que le soir, je me suis couché en me mouillant les cheveux.
Or, je découvrirai plus tard qu’il en est de même sur un autre plan, mais cette fois assez imprévisible, car il s’agit de la finance !
C’est aussi à cette époque, quand j’ai 12 ans, alors que suis passionné par le cinéma, que je comprends que je lui préfère la peinture.
… je parcours seul les salles immenses dans une lumière blafarde mais complice, où les personnages du passé se parlent
…l’air puis retomber (heureusement) dans le landau à chaque passage d’obstacle et le mieux c’est qu’elle aime beaucoup ce sport de haut niveau.
Le gravier crisse, les landaus des Mamans et des nounous qui marchent tranquillement côte à côte en chuchotant pour respecter la sieste de leurs petits anges, sont dépassés par la droite ou la gauche avec des avertissements comminatoires
L’expédition est une performance qui n’a jamais été enregistrée au Guinness Records Book ! Pourquoi ?
Cette inadaptation au temps est surtout gênante au moment des repas du dimanche et davantage encore pour ceux des fêtes.
Au demeurant femme d’intérieur accomplie, Maman est une excellente cuisinière et sait recevoir quand il le faut.
Son prénom est Marie-Madeleine. Elle est née le 24 jan- vier 1914 à Lille quelques mois avant la déclaration, le 1er août 1914, de la première guerre mondiale
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Le 27 novembre 1951, Marie Paule arrive dans notre vie. Maman a eu trois enfants espacés puisque mon frère a 17 ans et moi 11.
Maintenant les jeunes ne savent plus se tenir... Et ainsi de suite... Après on va partager le repas du dimanche en famille.
Heureusement le coup de semonce a été compris et la suite des opérations est plus favorable, jusqu’au moment où les établissements Dumoutier seront revendus, en 1990.
1929 mes grands-parents ont déjà six enfants. Ma mère a 15 ans, elle suit Annette qui en a 21 et Jeanne 17. Paule a 12 ans, son frère Rémy 8 et Michelle la cadette 4.
Diplômé ingénieur, son premier poste est celui de directeur d’une sucrerie à Courrières dans le pays minier.
Mais un grand malheur le frappe alors qu’il a à peine 4 ans. Son père, en soignant un cheval dans l’écurie, reçoit un coup de pied dans le ventre et meurt des suites de cette blessure.
Rien ne laisse supposer que ce petit magasin deviendra un jour la plus grande librairie d’Europe sous le dynamisme initial de ce fameux Monsieur Callens !
C’est à cette époque que Jeanne Dumoutier, née Heren, ma grand-mère que l’on appelle Mémé, nous enjoint fermement d’aller faire nos Pâques !
Mais je m’égare, nous évoquons le racisme ? Un beau jour mon grand-père à qui je parle encore de mon ami Michael me demanda : « Comment s’appelle ton ami Michel ? »
Cette maison à deux étages est le fruit d’une vie de labeur. Pépé l’a faite construire sur des plans qu’il a dessinés lui-même.
En criant après lui je fais la distinction entre les syllabes car pour moi, crier MI-KA-ËL fait américain.
C’est à dix ans que le racisme apparaît dans l’esprit d’un enfant et qu’il en prend conscience.
Le directeur de cette boutique parle fort car il est également sourd, et il est doublement appareillé.
Son antre sombre et étroit sent la colle à bois qu’il fait chauffer en permanence dans une vieille casserole.
Je ne vous décris pas les remarques et les airs de commisération hypocrite de mes cousines en me voyant affublé de chaussures de montagne et de chaussettes en laine épaisses
…et achète pour mon frère et moi deux vestes dites « canadiennes », c'est-à-dire assez tubulaires et droites, avec un empiècement horizontal derrière et sans fente.
Il paraît que la teinte contrastée du jaune-marron du costume de chasseur égaré avec celle de la moquette rouge noble et impériale, a produit un tel effet dévastateur qu’il est encore inscrit aujourd’hui dans les annales de l’église Saint Maurice de Lille !
Inutile de préciser que je suis le seul enfant habillé ainsi sur tout Lille. Coiffé en brosse, les joues rouges, rond de partout, je suis mal à l’aise dans ce costume aux teintes automnales.
Maman ne veut pas que nous souffrions de la faim et se trouve très heureuse de nous voir manger de bon appétit.
Bref, après deux bonnes heures de marche sous le soleil et pas mal de bleus et d’écorchures sur ma jambe droite heurtée par une pédale obstinément décidée à m’empêcher de marcher droit, j’arrive tant bien que mal à la villa
Mais mon père croyant avoir vu un voleur qui se cache nous demande de ne pas bouger et, se munissant d’une énorme bûche entre silencieusement dans la maison pour assommer l’intrus !
Comme le geste du prêtre qui, joignant ses mains sur l’hostie dans l’offrande, répète le geste du Christ vers son Père
Je trouve cela parfaitement répugnant et depuis je me demande si je n’ai pas rêvé cette particularité car je n’ai jamais lu ni entendu depuis de telles bizarreries.
C’est au cours de cet été que j’ai ma première émotion à la fois esthétique et religieuse, dans une église gothique.
…agrémentée d’un grand jardin ombragé et les pièces sont hautes et nombreuses. Elles sentent la mer et l’encaustique.
Mais peu importe cette action me donne l’illusion d’avoir une certaine complicité avec elle. S’en est-elle rendu compte ?
En attendant, ce jeune homme est gentil. Je trouve que sa moustache est douce quand je viens sur ses genoux pour lui parler.
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Cette maison blanche me fait alors l’effet d’un palais luxueux de Washington, comparable à ceux que je contemple dans les photos que le centre culturel américain me donne généreusement…
Il m’est encore difficile de parler de cette journée. Je considère que Maman me quitte définitivement. Je ne suis plus le seul garçon de la maison.
Le troisième repose sur une caractéristique de la société suisse où chaque homme en âge de se battre possède son arme militaire et ses munitions chez lui dans un coffre avec sa tenue.
Le second souvenir est une nouveauté. C’est dans ce pays moderne que je découvre le stylo à bille, qui vient d’être inventé.
Nous sommes accueillis en tant qu’enfants rescapés de la guerre par des personnes souriantes, gentilles et aimables.
Ce gouvernement crée des colonies de vacances ou de petits Allemands vont rencontrer de jeunes Français.
Il en est différemment quand on s’attache à comprendre les rescapés de la Shoah. La plupart naissent après le retour des camps.
Mais cet abandon n’est-il pas en même temps le témoignage du mythe universel d’Oreste qui doit tuer son père pour exister ?
… le tableau du Christ disant au moment ultime sur la Croix : « Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? ».
Il fait très beau et chaud à Guise, où ma grand-mère Eugénie Husson réside seule, dans une petite maison d’ouvrier en briques près de l’écluse de l’Oise.
Mon père Charles Husson peu avant son décès. Il est assis dans la cour de la petite maison de Guise
Durant le temps de leur séparation alors que mon père est revenu à Lille avec mon frère Daniel, un jour ma mère m’emmène voir Papa à l’hôpital.
Enfin le festival de Cannes consacré au cinéma est créé. La première édition du Festival international du film, se tient du 20 septembre au 5 octobre 1946.
Alors qu’un faiseur de rêve, Christian Dior, ouvre son atelier de couture, un autre personnage magique vient décorer les vitrines des libraires : Le Petit Prince d’Antoine de Saint Exupéry
… commerce extérieur La COFACE et la Banque française du commerce extérieur la BFCE. Dans la foulée, le « Crédit lyonnais » créé en 1863, est nationalisé.
Fidèle à sa mission traditionnelle, la France entend conduire les peuples dont elle a pris la charge à la liberté de s’administrer eux-mêmes et de gérer démocratiquement leurs propres affaires…
Pourtant, quelles que soient les décisions prises à l’ONU, les deux blocs s’affrontent et essaient de dominer la planète et presque tous les continents sont concernés.
…et la Culture (en anglais United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization), dont l’acte constitutif est daté du 4 novembre 1946 et le siège fixé à Paris.
Après cette guerre destructrice où l’Europe en ruines a perdu sa prééminence, sans que les peuples en aient vraiment pris conscience
Or, à mon retour des USA et avant de partir à l’École des Officiers de Réserve de Montpellier, je vais saluer Didier Lazard et son épouse
Le quatrième signe est patent et tout ceci semble bien étrange car, avant mon arrivée en 1964 à Berlin en tant qu’officier, j’ai déjà commencé la rédaction de ma thèse
…des lois raciales du Troisième Reich. Reconnu coupable de complot et crime contre la paix, il n’est condamné qu’à la prison à vie.
…à ses héros victorieux, Hitler met en place un système efficace de contrôle d’opinion et de conditionnement de la foule, proche de la folie collective.
Le procès de Nuremberg intenté par les puissances alliées contre 24 des principaux responsables du Troisième Reich se tient du 20 novembre 1945 au 1er octobre 1946.
…intense à la Shoah, et que j’aie l’honneur de rencontrer trente-cinq rescapés de l’Holocauste pour les interroger et faire leur portrait. Or, tout commence par le procès de Nuremberg
Un jour, sur la place de la Liberté que je traverse pour aller à l’école, un cirque a dressé son immense tente et je flâne dans les allées où les roulottes se sont installées
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… vend à des personnes qui viennent la voir ou qu’elle va livrer. Elle travaille la nuit et tard. Je suis couché sur un matelas par terre.
Encore très marqué par la culture chrétienne à l’époque, divorcer est honteux et entraîne dans les milieux conservateurs du nord l’opprobre sociale et surtout familiale.
C’est plus tard, quand les cousins et cousines ont grandi, que mon statut a changé et que je suis devenu l’aîné des autres jeunes fils et filles de mes tantes.
Assez malingre et plus petit que les autres, souvent malade, je suis assez grognon et les autres passent leur temps à se moquer de moi.
… jouons mon frère et moi dans l’allée, devant la maison à Mons, des voitures courtes, vertes et hautes arrivent à grand renforts d’avertisseurs et de freins hurleurs.
Quand je lui présente son tableau, cette vieille dame digne et souriante aux cheveux d’argent reconnaît avec émotion les moments de sa fuite éperdue
Stupéfaction générale de l’assistance : « Cet enfant n’a jamais appris à lire et il lit le journal ! ».
En janvier 1943, quand un officier allemand coulant des jours heureux en France, reçoit un ordre de mission pour par- tir en Russie, c’est une punition définitive et redoutée.
J’y joue avec un chat et observe quelques poules que ma mère élève pour avoir des œufs frais.
Rétrospectivement je crois qu’en 1943 je suis déjà orphelin de père. En tous cas je vis…
C’est dans cette période, début 1943, que ma mère décide de remonter vers le nord et voyage avec mon frère Daniel et moi.
Ceux-ci permettent à des volontaires qui veulent rejoindre la France Libre, résistants et aviateurs anglais évadés, ainsi qu’à des familles juives, de passer dans l’autre zone.
… les Allemands et la Gestapo disposent d’un moyen de pression qu’ils peuvent exercer à volonté
… des Basses-Pyrénées (Pyrénées-Atlantiques actuelles), elle passe ensuite par Mont-de-Marsan, Libourne et Loches.
L’Allemagne veut se réserver la partie nord du pays où se trouvent les industries et la richesse agricole.
… militaires en Russie comme en Afrique, plus l’occupation se fait lourde et intransigeante, conduisant à un durcissement des répressions.
Débordant d’émotion et de reconnaissance, il transforme les quatre étages de la Tour Carrée en labyrinthe sombre et entame sa préface
Cinquante et un ans plus tard, en juin 1994, j’ai l’émotion de rencontrer un de ses anciens élèves, Jean Daniel de Germond
Il a donc créé un cours privé avec des élèves, allant du cours préparatoire à la première.
S’impose une autre photo : celle que je préfère. Je dois avoir plus de deux ans, je suis accroupi, vêtu d’une barboteuse
C’est la guerre partout en Europe et les Italiens occupent le Sud-Est de la France à partir de juin 1940 jusqu’en octobre 1943
…et la vie est là, qui me force à exister. Est-ce justifié ? Et y-a-t-il une bonne raison pour que je vienne ici et maintenant ?
Mon père est médecin, il est atteint du mal de Pott, en d’autres termes une tuberculose osseuse qui touche les vertèbres.
Le Plan de la Tour est alors le refuge en été des gens résidant à Sainte-Maxime, car à cette époque on fuit le soleil et la chaleur.
J’appelle cette période années de la peine car je pense que mon âme d’enfant me handicape.