Ses retards sont légendaires. Mon grand-père en bon pater familias aime réunir ses filles le jeudi pour le déjeuner. C’est un rituel. Mes tantes Jeanne, Paulette et Michelle habitent près de sa nouvelle adresse au 675 du grand boulevard. Annette ne peut pas venir puisqu’elle habite Cambrai. Quant à son fils Rémy il est pris par ses affaires. Viennent donc régulièrement quatre de ses enfants, Michelle, Paulette, Jeanne et Madeleine.
Le repas est prêt à 12h30. Ma mère arrive environ vers 15 heures au moment du café. Toutes les excuses sont possibles. Elle vient de loin et elle a eu une course à faire, au dernier moment un fournisseur est venu, un appel téléphonique l’a dérangée etc... Mon grand-père dit : « Madeleine enfin !? »
Mais il sait que c’est impossible, c’est sans appel. Tout le monde a abandonné. Nous ne prenons que très rarement le train et jamais l’avion.
1952 - L’équipée sauvage d’un bébé sportif et innocent
Cependant il y a un gros inconvénient. A cette époque le jour de congé dans la semaine est le jeudi. Le jeudi est sacré, je vais au cinéma voir mes films de cowboys à 15 heures. J’ai encore des culottes courtes mais j’ai caché dans la cave un pan- talon long qui me donne une allure de grand. J’ai suffisamment d’argent de poche grâce aux étrennes et je suis économe.
Mais cette petite sœur doit prendre l’air et Maman a décidé que le jeudi je dois aller la promener au bois de Boulogne. « Mon petit garçon, c’est jeudi tu vas emmener ta sœur au bois une bonne heure. Tu fais le tour du jardin, tu dois m’aider. Tu as bien compris ? Et fais bien attention - Bien Maman, oui Maman ». C'est la tuile...