La rage
Un jour, sur la place de la Liberté que je traverse pour aller à l’école, un cirque a dressé son immense tente et je flâne dans les allées où les roulottes se sont installées, pour admirer les lions et les tigres qui tournent en rond dans leurs cages. Voyant un chien couché sous une roulotte, je m’approche pour le caresser. C’est alors qu’il me mord à la main. Branlebas de combat ! La rage sévit encore et je me retrouve tous les mercredis matin à l’institut Pasteur avec des piqûres aux longues aiguilles dans le ventre. On me dit que je suis courageux car je ne pleure pas. En fait il n’y a rien de glorieux car je n’ai pas mal. En revanche quelle gloire auprès des copains qui ont peur de moi... Je suis enragé et personne n’ose m’approcher quand je ne suis pas content !
1945 le vote des femmes
Nous sommes à Mons en Baroeul. Il fait beau et chaud et je suis debout devant l’entrée du bureau de vote sur la Grand- Place du village. Mon grand-père sort du bureau tranquillement appuyé sur sa canne. Il est assez calme et serein et arbore son léger sourire. Il me regarde et me dit : « Je ne comprends pas pourquoi les femmes votent puisqu’elles vont voter comme leurs maris ! ». Cette simple phrase montre l’esprit de cette époque et le chemin parcouru dans la société depuis. En quelques années là encore les mœurs ont davantage évolué qu’en plusieurs siècles.
1946
C’est aujourd’hui que je me rends compte que les circonstances ont été telles que tout s’est organisé dès 1946, pour que plus tard, bien plus tard, je consacre sept années de travail…