Tickets de rationnement jusqu’en 1949
Nous sommes accueillis en tant qu’enfants rescapés de la guerre par des personnes souriantes, gentilles et aimables. Mon frère a douze ans et je dois en avoir sept. Nous visitons les environs de la colonie et allons un jour admirer une jeune fille imposante de blancheur : « la Jungfrau », montagne sacrée de la Suisse, en empruntant un train à crémaillère qui me fascinait. Un train qui remonte la montagne lentement avec, à tout moment, la menace de casser son mécanisme et de dévaler la voie tortueuse sans freins ! Comment cela est-il possible ?
Ce séjour, le premier de ma vie à l’étranger, me laisse quatre autres souvenirs.
Le chocolat
Le premier et le plus vivace est celui du chocolat au lait, si rare en France. Ce chocolat se présente sous forme de petites barres entourées de papier métallisé, et avec des images d’animaux que je collectionne et échange avec les autres garçons. Leurs marques sont ancrées à tout jamais dans ma mémoire : Peter, Cailler et Kohler ainsi que les fameuses barres triangulaires Toblerone, craquant sous les dents ! Mais je préfère alors les barres comportant plusieurs carrés fourrés qui fondent dans la bouche et dont le goût sucré, parfumé et délicat reste longtemps sur les papilles.