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La dispute

Comment la dispute est-elle venue, je ne sais plus, mais je sais que mon père vient me sortir du lit en me reprochant de salir les draps avec ma tête mouillée et commence à me frapper puis me tire dans la salle de bains et pris de rage, me cogne la tête sur le radiateur... Le souvenir est très vivace car j’ai encore maintenant la mémoire des coups. Les cris doivent s’entendre dans tout l’immeuble car les fenêtres sont ouvertes. L’autre souvenir est encore plus terrible car Maman vient avec ma petite sœur dans les bras et dit à mon père : « Si tu continues à frapper cet enfant je jette Marie Paule par la fenêtre ! » Mon souvenir s’arrête là. Ai-je rêvé cette scène ? L’ai-je vécue ? Je crois que je veux l’avoir rêvée. De ce jour je n’ai plus aimé Ati et je l’ai sorti de ma vie d’adolescent. Il m’avait trahi ! Plus tard j’ai compris son attitude. Celle d’un mâle jaloux. Le lion paraît-il, tue ses petits de peur de perdre son ascendant... Ati s’étonne alors que j’ai l’air de ne jamais travailler, que mes résultats scolaires soient bons. Alors qu’il avait trimé pour ses études et qu’il était devenu médecin à force de travail et de nuits blanches passées sur ses livres. Je l’ai compris bien plus tard et c’est vers 45 ans alors que je suis moi-même père de 4 enfants, que j’ai pu lui pardonner par une lettre adressée pour la fête des pères.

Première conséquence : les cauchemars

Dans cette scène atroce j’ai ressenti également l’amour infini de ma mère et j’ai craint ses réactions violentes. J’ai redoublé de tendresse pour ma petite sœur. Est-ce pour cette raison qu’un enfant est pour moi plus sacré que tout au monde ? Surtout un bébé, et une toute petite fille en particulier !