On entend des hommes se battre en chantant La Marseillaise. Lorsqu’on sollicite les blessés pour retourner au combat — faute de combattants valides —, il y en a qui se relèvent en titubant et vont se battre. Des parachutistes volontaires à Hanoï demandent à être parachutés sur la cuvette le dernier jour pour aider leurs camarades et finir en beauté. Dans l’antenne médicale N°29 le docteur Paul Grauwin coupe les jambes et les bras des blessés sans sédatif jour et nuit et, Fred Mehay verra la masse des membres coupés jetés en vrac derrière la baraque où le docteur opère. Les cinq antennes médicales auront soigné 6000 blessés durant la bataille. Quand ils n’ont plus de munitions lors des assauts, les défenseurs se battent au corps à corps et à l’arme blanche comme au Moyen Âge. Parmi les actes les plus extraordinaires, le combat de dix soldats du 6e BPC qui résistent sans soutien aux assauts Vietminh pendant huit jours est légendaire. Au moment de déposer les armes, ils tiennent toujours leur position. Il y a seulement deux survivants, les brigadiers Coudurier et Laugier.
Le bilan
Diên Biên Phu fut la bataille la plus longue, la plus furieuse, la plus meurtrière de l’après Seconde Guerre mondiale, et l’un des points culminants des guerres de décolonisation. On peut estimer à près de 8 000 le nombre de soldats vietminh tués pendant la bataille et à 2 293 celui des soldats tués dans les rangs de l’armée française, ainsi que 874 blessés graves. Une fois le cessez-le-feu signé, le décompte des prisonniers des forces de l’Union française, valides ou blessés, capturés à Diên Biên Phu s’élève à 11 721 soldats dont 3 290 sont rendus à la France dans un état sanitaire catastrophique, squelettiques, exténués. Il en manque 7 801. Le destin exact des 3 013 prisonniers d’origine indochinoise des troupes supplétives reste toujours inconnu.