Ainsi, leur alimentation quotidienne se limitait à une boule de riz pour les valides, une soupe de riz pour les agonisants. Un grand nombre de soldats sont morts de dénutrition et de maladie. Ils n’avaient de surcroît droit à aucun soin médical.
L’oncle de mon épouse, le colonel Fred Méhay que j’interrogerai en 1994, a été fait prisonnier à Diên Biên Phu en tant qu’officier par le Vietminh et compte parmi les rares survivants. Il reviendra en France décharné et malade, et passera plusieurs mois d’hospitalisation après sa libération. Il a subi comme les nombreux soldats prisonniers, une marche de plusieurs centaines de kilomètres, affamé et pieds nus dans la jungle. Très résistant, son esprit n’avait pas été atteint mais son corps restera marqué et notamment ses pieds, déformés et grandis de deux tailles. Cette marche fut suivie par une détention humiliante et épuisante. Transformé à tout jamais, Fred Mehay a accepté de se confier pour la première fois 40 ans plus tard, sur cette bataille perdue d’avance et sur les vainqueurs de cette guerre... Son témoignage est enregistré sur plusieurs cassettes.