…fleurs à Madame Durin pour lui dire au revoir. Elle ouvre la porte et sidérée me regarde à deux fois puis éclate de son rire sonore. « Mooon Diou mais c’est toi ? Eh bien dis donc tu as bi-enn profité des vacances ! On dirait une grosse boule ! » ... Et la voilà qui rit à gorge déployée... La honte totale ! Elle m’aurait enfoncé un couteau dans le cœur qu’elle ne m’aurait pas davantage fait souffrir. Je la hais... J’aurais voulu m’enfouir sous terre et disparaître. Surtout ne plus entendre son rire ! Je pense, en rentrant chez ma grand-mère humiliée, que je n’étais pas conscient de mon aspect et que je n’existe plus pour cette jolie femme. Désormais je ne suis plus pour elle que grotesque et ridicule. J’ai lu plus tard un livre intitulé « Le martyre de l’obèse » d’Henri Beraud et décidé alors de me prendre en main. La réflexion de ma grand-mère alors que je me coiffais en jour devant la glace a pris toute sa signification. Elle m’a dit : « Tu sais, tout seul devant la glace, tu es beau ! »
Les résolutions
Dès lors et pour le reste de ma vie je ne veux plus essuyer une telle humiliation et je ferai tout pour ne pas grossir et avoir une silhouette acceptable. Cette détermination entraîne de nombreux sacrifices. Ne pas boire autant d’alcool qu’on le souhaite même lors d’une fête et ne pas manger à sa faim. Entre mes 12 et 60 ans je suis toujours sorti de table en ayant encore faim. Chasser le sucre et les graisses de la nourriture et surtout faire du sport tous les matins comme on se lave les dents font partie des résolutions. Je n’ai jamais suivi de régime car toute ma vie a été un régime. Le résultat, laborieux certes, permet des avantages et apporte son lot de récompenses. J’ai porté pour le mariage de ma dernière fille Flor, la même redingote que je portais pour le mien avec sa mère, 37 ans plus tôt. Entre mes 20 ans et mes 80 ans, j’ai pris cinq kilos mais l’âge et les modifications du métabolisme basal sont intervenues…