Les professeurs
Quant aux professeurs qui m’ont marqué, il y en a eu trois ou quatre.
Tout d’abord il y avait B... surnommé Bacchus. Puissant homme aux cheveux blancs qu’il faisait accentuer par des bains de « Régécolor », parfois ses cheveux étaient un peu roses et parfois bleutés. Il buvait beaucoup et son surnom était mérité. Je l’aimais car en mathématiques, qu’il était censé nous enseigner, on faisait tout autre chose que de l’algèbre ou de la géométrie... Une année il eut son fils dans ma classe et celui-ci eut des notes pas plus élevées que les miennes, ce qui me consola.
Ensuite il y eut Fayolle, professeur de français et de latin austère mais talentueux. Il me fit apprendre plus de 1000 mots de latin par cœur ce qui me permit de passer le concours général de thème latin et obtenir un accessit presque sans utiliser de dictionnaire. Il me fit surtout aimer Racine, Baudelaire et Flaubert, et grâce à lui mon oral du bac sur Salammbô fut réussi.
Enfin il y eut Andioc. LE professeur d’Espagnol. Petit, mince, élégant, beau ténébreux et mystérieux. Il savait faire passer le souffle du flamenco et la puissance fatale de la corrida dans ses cours. Nous avions la possibilité de décorer comme nous le souhaitions notre cahier d’espagnol et nous faisions assaut de découpages et de dessins au fil des pages. Notre note s’en ressentait. Dès notre entrée dans la classe, on vivait en Andalousie et nous entendions les gitans chanter au bord du Guadalquivir ! A cet âge on a besoin de héros. Andioc était devenu le nôtre. Jean Claude Denis a suivi son exemple et j’ai bien failli également y succomber. Ma vocation s’est arrêtée quand j’ai connu le montant des salaires versés aux professeurs et l’avenir de leur rémunération en fin de carrière. Le scandale demeure encore aujourd’hui.