…la nef recouverte d’un long tapis. Il paraît que la teinte contrastée du jaune-marron du costume de chasseur égaré avec celle de la moquette rouge noble et impériale, a produit un tel effet dévastateur qu’il est encore inscrit aujourd’hui dans les annales de l’église Saint Maurice de Lille ! Il serait même question de le placer en exergue dans le Guinness Record Book à la rubrique des plus grandes horreurs de l’humanité !
Mais la famille ignore cet incident négligeable. Une certaine photo ne trompe personne sur cette absence de lucidité : papa, Maman et moi sommes debout dans la rue tous trois le pied gauche en avant, fiers comme Artaban !
La montre et l’heure
C’est lors de ma communion solennelle que mes grands-parents m’offrent une montre en acier que nous sommes allés choisir ensemble dans une bijouterie du vieux Lille. Je la perds très vite et ne la remplacerai jamais. Depuis lors, je vis sans montre. J’ai passé tous mes examens et tenus des rendez-vous partout dans le monde sans montre. C’est possible y compris à l’armée. C’est une forme de liberté. N’ayant rien sur moi qui puisse me rappeler la dépendance aux minutes irréversibles, je peux toujours trouver le temps et le gérer comme je le souhaite. De surcroît il existe partout des horloges et des montres sur les poignets que l’on peut consulter sans difficulté. Enfin peu à peu la luminosité du jour devient une complice pour donner une idée assez précise de l’heure. La nuit c’est plus délicat mais en fonction de la saison on sait assez rapidement, en regardant le ciel, que l’aube approche.
Les vestes canadiennes
Cette crainte de la tenue inappropriée et l’importance de l’aspect extérieur me poursuit pendant toute ma jeunesse. Plus tard, Maman récidive dans ses recherches vestimentaires…