Le front russe et la mort d’un officier allemand
En janvier 1943, quand un officier allemand coulant des jours heureux en France, reçoit un ordre de mission pour par- tir en Russie, c’est une punition définitive et redoutée. Son choix est simple : soit il obéit et il mourra à coup sûr dans des conditions affreuses, soit il meurt tout de suite ! C’est le second choix que prend un commandant de la Wehrmacht vivant seul dans l’immeuble où habite ma tante Paulette avec Françoise, ma cousine de cinq ans. Cette jeune sœur cadette proche de Maman et que j’aime beaucoup parce qu’elle sourit toujours, vit dans l’attente du retour de son mari, prisonnier depuis 1940 et qui s’évadera quelques mois plus tard.
L’officier allemand, professeur de français dans la vie civile, discret et courtois, après des adieux très simples où il précise que la veille il a reçu sa feuille de route pour partir sur le front de l’Est, rentre chez lui. Ma tante entend le coup de feu fatal quelques minutes plus tard. Je me souviens encore des paroles d’un voisin calme et résolu qui dit, en entendant ma tante choquée : «Unbochedemoins!»
Ma première rentrée des classes
Septembre 1943. J'ai trois ans, c'est ma première rentrée des classes. Maman m’emmène un matin à vélo à l’école près de la mairie de Mons, où une femme revêche me met tout seul au bout de la classe. Je suis mis à l’écart et isolé tout le temps, même à la récréation, et aucun enfant ne me parle. Je suis le plus jeune ! Je ne sais pas ce qui se passe mais Maman est convoquée quelque temps plus tard et ressort en larmes de l’entretien. Elle me dira un jour que la maîtresse me considérait alors comme un débile, incapable de comprendre quoi que ce soit, ni d’écrire, ni de lire ! Maman devait s’attendre à porter un fardeau toute sa vie ! Pourtant quelques jours plus tard, je lis à…