Mais mon père croyant avoir vu un voleur qui se cache nous demande de ne pas bouger et, se munissant d’une énorme bûche entre silencieusement dans la maison pour assommer l’intrus ! ll approche subrepticement de la salle à manger quand levant son arme, il découvre avec étonnement mais juste à temps, que c’est mon frère qui vient de se lever. On parle long- temps de cette aventure qui a effrayé toute la famille.
Le vélo
Le second souvenir est plutôt drolatique mais surtout formateur. Ma tante Annette m’a fait cadeau de son vélo, celui avec lequel pendant la guerre elle allait autour de Cambrai où elle tenait une mercerie, acheter dans les fermes du beurre et des poulets pour ravitailler la famille. Mes parents ont fait venir le vélo par train à Granville. Il faut aller le récupérer et mon grand-père voulant me mettre à l’épreuve me dit : « Vas le cher- cher à la gare. Avec ce bon, tu n’as rien à payer mais en revenant tu n’as pas le droit de rouler dessus c’est trop dangereux, tu reviens à pied en tenant le vélo par le guidon. Interdiction absolue de monter sur le vélo à cause de la circulation sur la grande route. » Cet avertissement est évidemment amplifié par mes parents qui me recommandent la plus grande prudence. Je promets d’obéir à cette injonction et me voilà poussant ce vélo de femme sur la route pendant 7 kilomètres environ. Je suis de surcroît honteux que les personnes me croisant ou me dépassant puissent penser que je ne sais pas rouler à vélo.
Le vélo de ma tante Annette