…je n’ai que deux costumes bleu marine, mais faits sur mesure, et deux smokings. Cela suffit à être dans le ton. Plus tard à Londres, impressionné par les « city-gents » j’adopte la pochette.
Marius, l’artisan fabricant de jambes de bois ou l’amour du travail bien fait
Au pied de l’immeuble du 22 rue Édouard Delesalle à Lille où nous habitons, se tient un magasin étrange. Un grand rideau gris cache l’intérieur et les lettres blanches inscrites sur la vitrine sont énigmatiques : Juenin Hanger, sans autre indication.
C’est là que se trouve le laboratoire où Marius opère. Il travaille dans une arrière-boutique interdite à quiconque mais je suis bienvenu à toute heure. Je vais le voir après l’école. De jour, l’éclairage glauque n’est dispensé que par une petite fenêtre donnant sur la cour. Marius est déjà âgé et porte une mous- tache noire étroite et un béret. Il est voûté, presque bossu à force de manier la gouge et les outils de menuisier sur son établi rongé par les coups de maillet.
Un établi comme celui de Marius